Entendons-nous bien : ce blog n’a pas vocation à être une tribune politique et nous nous garderons bien d’en profiter pour commenter l’actualité. Sauf quand celle-ci nous rattrape et nous permet, à l’aube d’une journée de manifestations que nous craignons explosives, de faire l’éloge du temps long avec ce très beau texte de Charles Péguy extrait du dernier ouvrage de François-Xavier Bellamy, Demeure.
« Nous aurons beau faire, nous aurons beau faire, ils iront toujours plus vite que nous, ils en feront toujours plus que nous, davantage que nous. Il ne faut qu’un briquet pour brûler une ferme. Il faut, il a fallu des années pour la bâtir. Ça n’est pas difficile ; ça n’est pas malin. Il faut des mois et des mois, il a fallu du travail et du travail pour pousser une moisson. Et il n’a fallu qu’un briquet pour flamber une moisson. Il faut des années et des années pour faire pousser un homme, il a fallu du pain et du pain pour le nourrir, et du travail et du travail et des travaux et des travaux de toutes sortes. Et il suffit d’un coup pour tuer un homme. Un coup de sabre, et ça y est. Pour faire un bon chrétien, il faut que la charrue ait travaillé vingt ans. Pour défaire un chrétien, il faut que le sabre travaille une minute. C’est toujours comme ça. C’est dans le genre de la charrue de travailler vingt ans. C’est dans le genre du sabre de travailler une minute ; et d’en faire plus ; d’être le plus fort. D’en finir. Alors nous autres nous serons toujours les moins forts. Nous irons toujours moins vite, nous en ferons toujours moins. Nous sommes le parti de ceux qui construisent. Ils sont le parti de ceux qui démolissent. » (in Mystère de la charité de Jeanne d’Arc)
Songeons à tous ces restaurateurs, à tous ces artisans, à tous ces commerçants qui ont vu et qui verront l’œuvre d’une vie, l’œuvre patiente de tant d’années ravagée en quelques minutes par une horde furieuse.
Songeons qu’à l’heure de la révolution numérique, une réputation patiemment construite peut être ruinée par un épisode aussi bref que dévastateur.
Nous sommes là pour reconstruire patiemment. Nous sommes là pour ramender humblement. Nous sommes là pour ravauder tranquillement. Nous sommes et nous serons à vos côtés.
Ananie qui vous veut du bien.